Par NicoNote

"Les ondes sonores ne se propagent pas dans le vide. Le son fait partie des corps terrestres et de l’atmosphère. Il peut se manifester.


Dans ma manière de composer avec la voix, il y a une analogie étrange avec le monde liquide : Je m'inspire en nageant, en flottant avec le son. Plus le liquide me plait et me parle, plus je trouverai des ébauches et je réussirai à me faire transporter, porter, à entrer en synthonie. Pour aller ailleurs.

C’est très surprenant de composer avec les sonorités de Mickael Plunian, surprenant par le feeling et la syntonie que j’ai perçu immédiatement. Eureka ! Fluctuer est le mot clé - rester dans le flux. Pour rendre ce que mon corps - extatique /esprit / animal - ressent de manière intime, proche de l’épiphanie, en étant une particule du macrocosme sonore – Je ne fais que prolonger le climat et la suggestion qui provient de la vague sonore dans laquelle je plonge pour retransmettre l’intuition perçue.

Je sens en effet que l’océan de son et de sons que propose Mikael Plunian est en syntonie avec mes cordes profondes. Une traversée et un départ en même temps. La voix peut prolonger la sensibilité et la vision et peut atteindre des profondeurs différentes, mais c’est un devoir de l’acteur d’être au présent et d’accepter les limites du corps.

La voix prend toujours son origine dans le corps, un concentré moléculaire de sons et d’énergie. Plus le Son/Musique/Paysage Sonore est libre, plus il a d’espace, plus c’est un océan dans lequel je peux m’abandonner et me blottir.

Il arrive que nous ne parlions pas, que nous suspendions le langage oral et que tout prenne forme magnifiquement dès la première improvisation. Parfois commence une discussion autour du son et les mots nous emportent dans des territoires lointains, une communication théorique et conceptuelle – et subitement on devient des inconnus. Il y a la nécessité de rester dans le territoire sans frontières du son, comme une limbe extrème où la symphonie prend forme.

Un lieu/non-lieu/paysage sonore/obscurité utérine, où ensemble on traverse la limite du rêve. Un rêve de sons liquides qu’on fait vibrer ensemble – pour nous-même et pour celui qui écoutera. C’est comme ça, par essence, que sont nés des éclats de voix et de son. Des voix ataviques qu’on doit faire résonner, pour porter ce son à la lumière, depuis le noir des viscères et le faire remonter les marches des émotions et s’attacher à une antenne.

À partir de cette matière faite de rêves, de sons, de visions, trouver un accord et une synthèse sur la scène. De cette relation avec la scène, porter l’épiphanie de l’intime et la reproduire : c’est l’essence du théâtre, faire revivre son propre travail, le porter à la lumière pour le communiquer pour créer un lien avec l’autre, le partager dans la RECIPROCITE. Toujours en progression, vague après vague."

NicoNote